La Taittiriya Upanishad décrit le corps subtil, un corps fonctionnel dans ses dimensions matérielles et immatérielles.
(Sous ce lien, les « Lianes de la Conscience »)
Cinq gaines
Le corps subtil est formé de cinq gaines, une de matière, une d’énergie, une du mental, une d’intelligence, une de joie. La matière est inerte, la nourriture et le souffle sont énergies, les organes d’action forment le mental, les perceptions forment l’intelligence, la félicité entoure les quatre gaines précédentes, la conscience est constante.
Les gaines évoquent la composition de la nature, il peut autant s’agir d’un doigt, d’un ventre, d’une feuille ou d’un fruit. L’objet du yoga est la Conscience. L’objet du médecin est le soin. Cette classification sera utile pour le médecin.
Ce que nous dit la Taittiriya Upanishad, toutes les autres Upanishad, tous les textes qui nous sont parvenus, et enfin, et surtout, l’expérience : il y a d’abord Conscience.
La matière inerte
Pour le pères de nos pères, à cette époque, il y avait d’abord une matière inerte. La terre ? La roche ? L’eau ? L’air…? Les éléments minéraux ? Ou la densité du sol que rencontre nos pieds ?
La matière est énergie. L’énergie est matière. Ces enveloppes sont pédagogiques. Rien n’est séparé dans la conscience.
Energies
La première énergie est la nourriture, le mangeur et le mangé, le mangeur qui sera mangé.
Entre la matière et l’énergie : le souffle, comme le vent qui pousse les feuilles.
Les cellules respirent. Le yoga voit l’infinie complexité de cette relation, la matière est sensible, les énergies immenses.
Le souffle, comme les mouvements d’électrons entre l’oxygène, l’hydrogène, le carbone, le fer, le cobalt, etc., ces mouvements d’énergie concernent la nature, le passage du minéral au végétal, du végétal à l’animal. Ces énergies mettent en relation le soleil, la terre, la lune et l’ensemble du cosmos. Ce que les indiens appellent le ‘’Prana’’ est cette énergie, celle du vent et des marrées. L’air inspiré et expiré transporte de l’énergie et de multiples messages. Le yoga explore le souffle comme une science expérimentale. Les ‘’prana-yamas’’ les mouvements du souffle, sont apparemment des exercices de respiration. Ces exercices sont davantage l’étude de la mécanique des moulins ou celle des marées, des courants ascendants, descendants et transverses qui habitent les cellules.
Le ‘’Prana’’ est aussi l’énergie contenue dans les aliments, absorbée par la bouche, mutation du minéral, des énergies de la terre, du soleil et du cosmos. Les aliments ont leur personnalité énergétique, le yoga s’intéresse à ce qui est mangé. La pratique du yoga recommande d’éviter les nourritures excitantes, en particulier la chair des animaux. De nombreux états psychiques pathologiques pourraient être prévenus par cette attention aux énergies mangées. Tamasique, Rajasique et Satvique, nourritures ou l’action qui vont vers le bas (tamas), l’horizontal (rajas), le haut (satva).
Le souffle est partagé, l’air est le milieu dans lequel nous évoluons. Le même air baigne la peau et le plus profond des cellules. Agir sur le souffle, c’est aussi agir sur l’environnement. L’attention au souffle du patient est un moyen diagnostic. Inviter le patient à moduler le souffle, en l’associant à la conscience du corps est souvent efficace pour détendre et effacer des douleurs. L’accent est toujours mis sur l’expiration, ensuite sur les temps de repos, la pause après l’expiration, la pause avant l’expiration. L’inspiration, comme son nom l’indique appartient à la nature, l’inspiration est une sorte de vague sur laquelle la vie surfe. Chaque inspiration est une naissance.
L’intelligence
L’intelligence est le résultat de la perception de l’univers. L’intelligence est liées aux organes des sens. La méditation est une perception, multitude de perceptions. Celui qui perçoit et la perception ne font qu’un.
Les perceptions sont des portes et des fenêtres ouvertes sur la Nature, ces organes sont aussi partie de la Nature. L’attention aux perceptions revient à rapprocher la Nature de la Nature.
Le mental
Le mental est lié aux organes d’action. Il concerne la vie pratique et sociale, ce qu’il faut organiser et mettre en place pour boire, manger, se protéger. Le mental est l’interface entre l’individuel et le social. Il évolue avec les âges et les fonctions. Le mental doit s’adapter aux fonctions, aux lieux et aux saisons. Il détermine des comportements. Se nourrir, se protéger, cueillir, chasser, pêcher sont des impératifs du corps social, des contraintes de l’individu.
La joie
La félicité est à l’origine de la manifestation. La joie est à l’origine des objets. Jamais le contraire.
« La conscience sans aucune activité est consciente du mental, Le mental est son bien,
La conscience prend la forme du mental. »
(Patanjali, Les Yoga Sutra)
Bibliographie :
- Jean Klein, La joie sans objet, 1977, rééditions Almora 2009
- Taittiriya Upanishad, traduction, Michel Angot
- Maître Eckhart, Les traités ; Seuil
- René Guénon ; Introduction générale à l’étude des doctrines Hindoues
- Heinrich Zimmer ; Les philosophie de l’Inde ; Le roi et le cadavre ; Payot
- Ibn ‘Arabi, Le dévoilement des effets du voyage ; L’éclat éditeur
- Jean Klein, Etre, approche de la non-dualité, Almora 2014
- Nita Klein, A l’écoute de Jean Klein 2012
- Laing R.D., La politique de l’expérience, Stock 1969
- Terence Gray, Wei Wu Wei, Les doigts pointés vers la lune ; Almora
- Do I have a self ? Murray G. Aust N Z Journal of Psychiatry 2015
- Patanjali, Les Yoga Sutra ; Michel Angot Traduction, éditions Les belles lettres,
- Abhinavagupta, Les Hymnes, Les stances de la vibration suprême ; Traduction Lilian Silburn
- Jacques Lusseyran, Et la lumière fût, Ce que l’on voit sans les yeux ; Les trois Arches
- René Guénon, les principes du calcul infinitésimal ; Gallimard
- Mircea Eliade, Le yoga, immortalité et liberté ; Payot
- Patanjali, Les Yoga Sutra ; Michel Angot Traduction, éditions Les belles lettres, p 189, p615)