Le Yoga est une science. Dès le début de leur histoire, dans les Himalaya, les humains ont élaboré des concepts en observant le corps, sa relation avec l’univers. Le Yoga est une méthode. Leur premier constat est que l’observateur et l’observé ne font qu’un. Le Yoga est une expérience.
Sous une forme de pédagogie, les Indiens évoquent un « Corps subtil ». Ce corps est fait de cinq gaines, les Koshas. La première gaine est faite de matière, la deuxième est faite d’énergie, la troisième est faite des organes de perception (qui forment l’intelligence), la quatrième est faite des organes d’action (qui forment le mental), la cinquième est faite de joie. La conscience n’a ni commencement ni fin, ni forme, ni limite. Le corps est une expérience de la conscience.
Le Yoga fait l’expérience de l’intelligence du corps, de ses structures subtiles, de ses tensions d’abord, de ses ressources ensuite. Les perceptions dégagées des tensions, des schémas appris, les œillères, les milliers d’illusions, le serpent vu à la place de la corde… La liberté devient une expérience.
Enoncer « Le corps est intelligence » ce n’est pas dire que « Le corps est intelligent ». Dire « Le corps est intelligence », c’est tenter de reconnaître et éprouver cette intelligence. Dire « Le corps est intelligent », ce serait dire que nous avons assez, voire davantage d’intelligence que le corps. Dire « Le corps est intelligence » c’est dire « La nature est intelligence », cette intelligence se partage dans l’observation, voire la contemplation, d’un germe de blé, d’une goutte d’eau ou d’un grain de terre.
La nuance entre observation et contemplation est délicate, dans « observation » quelqu’un observe, dans « contemplation » personne n’observe, l’œil qui regarde, la larme qui baigne l’œil, sont de la même nature que le germe de blé, la goutte d’eau et le grain de terre. Le souffle de l’observateur est de la même nature que le souffle du grain de blé.
Le cosmos est un tourbillon d’énergies, la nature un reflet et une concrétisation des tourbillons d’énergies. Les rythmes du souffle, les rythmes du corps, les rythmes de la pensée sont l’expérience intime du cosmos.