AMBIKA
Toi qui fais disparaître les angoisses
De ceux qui méditent sur Ta signification,
Sois attentive, O Mère du manifesté !
Sois bienveillante, Reine de l’univers,
Protège Ta création,
Tu es, O Dévi ! la souveraine de tout ce qui existe,
Animé ou inanimé.
Sous la forme de la Terre
Tu es le support unique de notre monde,
Sous la forme de l’Eau
Tu imprègnes et vivifies notre monde,
Tu es Celle de tous les pouvoirs.
Toi qui fais disparaître les angoisses
Tu es l’Énergie de Vishnu
Qui, à jamais, maintient la création,
Tu es le germe de tout ce qui parait,
Tu es la Mâyâ suprême,
Tu enchaînes aux phantasmes de Ta multiplicité,
Tu libères dans la béatitude de Ton unicité.
Toutes les sciences sont part de Toi
Et aussi toutes les femmes sans exception,
Tu remplis par Toi seule, O Mère ! cet univers,
Comment inventer un langage propre à Te louer
Quand Tu échappes aux concepts les plus subtils de l’esprit ?
Lorsque Tu es adorée, drapée dans le voile de Ta création
A travers lequel les hommes trouvent accès au séjour des dieux
Ou à la connaissance de Ta nature suprême,
Quels mots, fussent-ils émerveillés,
Parviendraient jamais à exprimer Ta splendeur ?
Radieuse illuminatrice
Brillant à l’intérieur de chaque être,
Par qui on atteint au repos d’après la mort
Ou à la libération,
Toi qui supportes tout le créé,
Dévî Nârâyani, salut à Toi !
Sous la dimension de l’instant,
De la minute et autres fractions du temps,
Tu es cause du continuel changement,
Au terme de chaque période cosmique
Tu apparais dans la toute puissance de Kâli,
Nârâyani, salut à Toi !
Favorable !
Dispensatrice de tous les bienfaits,
Accomplissement de toutes les victoires,
Abri suprême,
Déesse blanche au triple regard,
Nârâyani, salut à Toi !
Toi qui es sans commencement ni fin,
Tu es l’Énergie qui crée, maintient et détruit,
Tu es le réceptacle des trois guna
Dont le jeu n’affecte pas Ta transcendance,
Toi qui demeures immuable et indivise,
Nârâyani, salut à Toi !
Tu sauves des tourments de la vie
Ceux qui s’abritent auprès de Toi,
Toi qui lèves le voile d’ignorance
Qui sert de fond à la souffrance,
Nârâyani, salut à Toi !
Sous l’aspect de Brahmâni
Tu conduis un char aérien
Que tirent des oies blanches
Et Tu asperges Ta création
Avec l’eau de l’herbe Kusha,
Nârâyani, salut à Toi !
Sous l’aspect de Maheshvari
Tu chevauches le puissant taureau
Et brandis le trident,
La lune et les serpents,
Nârâyani, salut à Toi !
Sous l’aspect de Kaumâri
Tu es entourée de coqs
Et des plus nobles paons,
O essence même de la perfection !
La lance vibre dans Ta main,
Nârâyani, salut à Toi !
Sous l’aspect de Vaishnavi
Tu tiens les grands emblèmes
Que sont la conque, le disque,
La masse et l’arc puissants,
Nârâyani, salut à Toi !
Sous l’aspect de Vârâhi
Tu lèves le formidable chakra
Et arraches de dessous les eaux,
A la pointe de Tes défenses,
La Terre engloutie,
Nârâyani, salut à Toi !
Sous l’aspect de Narasimhi
Tu déchires de Tes griffes acérées
Les entrailles d’Hiranyakasipu
Et Tu libères les trois mondes,
Nârâyani, salut à Toi !
Sous l’aspect de Aindri
Tu portes un diadème
Et brandis Ton foudre redoutable,
Tes mille yeux lancent des éclairs
Quand Tu luttes contre Vritra,
Nârâyani, salut à Toi !
Sous l’aspect de Shivadûti
Tu détruis la horde furieuse des démons
Revêtue de Ta forme effroyable,
Hurlant de Ta terrible voix,
Nârâyani, salut à Toi !
Sous l’aspect de Châmundâ
Ton visage rempli d’épouvante,
Tes crocs écartés grincent,
Ton collier de crânes tourbillonne,
Nârâyani, salut à Toi !
Sous l’aspect de Lakshmi
Tu es modestie, savoir, connaissance,
Intuition du vrai, nourriture de l’esprit,
Vérité, permanence, immutabilité,
Grande nuit, grande nescience,
Nârâyani, salut à Toi !
En Sarasvati, Tu es clairvoyance, excellence,
Tous pouvoirs donnés par la connaissance
Des forces respectives des trois guna,
Racine des shakti, sois-nous propice,
Nârâyani, salut à Toi !
Tu es dans tous les objets du manifesté,
Tu es le contrôleur de tout,
Tu es toutes les énergies,
Des causes de toutes peurs libère-nous,
Dévi Durgâ, salut à Toi !
Puisse Ta face éblouissante,
Illuminée par Ses trois yeux,
Nous protéger des terreurs de la vie,
O Toi, une avec le Brahman,
Kâtyâyanî, salut à Toi !
Que Ton trident irisé de flammes
Dissipe la puissance des ténèbres
Et les égarements de notre esprit,
Bhadrakâli, salut à Toi !
Puisse le tintement de Ta clochette,
Qui repousse les forces de l’obscur,
Remplir l’univers de ses vibrations
Et nous maintenir en état d’éveil,
Sois comme une mère pour Tes enfants !
Puisse Ton épée, étincelant dans Tes mains,
Lustrée par le sang et la graisse de Tes ennemis,
Nous protéger de tous les pièges,
O Chandikâ ! nous sommes à Tes pieds.
Satisfaite, Tu fais disparaître tous les maux,
Irritée, Tu annihiles jusqu’au désir du désir,
Celui qui Te recherche se met à l’abri de tout,
Il devient son propre refuge.
O Mère ! qui Te manifestes sous tant d’aspects,
Qui d’autre que Toi est capable d’achever
Cette destruction des grands Asura
Ennemis du Dharma
Que Tu combats sans cesse ?
Tu es dans les sciences, les écritures,
Les grandes formules rituelles
Qui sont les lampes de la Connaissance,
Et c’est Toi qui retiens cet univers
Dans le piège aveugle de la différenciation.
Là où sont les Râkshasa
Et les grands serpents venimeux,
Là où sont les hordes ennemies,
Là où sont les voleurs de grands chemins,
Là où sont la forêt profonde
Et l’océan de feu sous-marin,
Là, permanente, Tu demeures
Contrôlant les puissances du chaos.
Tu es la souveraine de l’univers et Tu es son gardien,
Tu Te manifestes dans la forme de l’univers
Et Tu es son maintien,
Par les dieux de l’univers Tu es adorée,
Eux, qui en sont les forces, sont part de Toi.
Libère-nous à jamais de la peur du connu et de l’inconnu
Comme Tu viens juste de nous sauver de la menace des Asura,
Fais cesser les erreurs qui tiennent le monde prisonnier
Et les calamités produites par le karma de notre terre.
O Dévi ! Toi qui écartes les grandes afflictions,
Sois bienveillante envers nous qui Te rendons hommage,
O Toi, qui mérites et dépasses toutes louanges,
Répands Tes bienfaits sur les créatures des trois mondes !